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Nuits enflammées au Stromboli – Journal de bord #4

Dans ce journal de bord, nous passerons peu de temps à décrire les étapes qui ont précédé notre traversée vers les îles éoliennes. Ces journées se sont passées sans embûche et dans un temps plutôt calme. Initialement nous souhaitions effectuer une traversée de nuit pour rallier le Stromboli, cependant le manque de vent nous a obligés à longer la côte plus au Sud avant de faire cap vers le fameux volcan qui nous a réservé bien des surprises.

Torre del Greco – Agropoli

47nm – 11 heures – 4,3kt vitesse moyenne

La navigation fut parfaite avec une prévision météorologique aux petits oignons. A savoir un vent qui a tourné au moment de notre changement de cap. Nous avons longé la côte amalfitaine en toute tranquillité, les voiles en ciseaux, sous un soleil enfin estival.

Agropoli nous a réservé un accueil gourmand dans sa vieille ville, avec des pizzas de qualité supérieure, servies découpées dans des petits paniers.

Agropoli

Agropoli – Marina di Camerota

37nm – 9 heures – 4,1kt vitesse moyenne

Nous avons profité de cette journée de vent arrière pour améliorer notre navigation avec les voiles en ciseaux en installant un tangon pour maintenir le génois gonflé. Cette technique a grandement amélioré le confort du barreur qui peut se permettre de légers changements de direction sans que la voile vienne à contre (gonflée dans le mauvais sens). Nous avons même utilisé le pilote automatique dans cette configuration, cela permet à l’équipage de se reposer.

Le mouillage devait être calme en face de la marina, ce fut pourtant l’une des nuits les moins reposantes de notre périple. Un vent s’engouffrait entre les collines environnantes, ce qui a secoué le bateau (et ses occupants) jusqu’au petit matin…

Marina di Camerota – Porto di Cetraro

37nm – 10 heures – 3,7kt vitesse moyenne

Une étape qui ne restera pas dans les anales. Le manque de vent nous a obligé à faire tourner le moteur presque toute la journée.

Le port était à l’écart de la ville, et n’avait pas beaucoup de charme. Le ponton des pêcheurs déversaient quantité de déchets (filets déchirés, cagettes en polystyrène, bouteilles…), rendant cette escale peu séduisante.

Porto di Cetraro – San Lucido

15nm – 6 heures – 2,5kt vitesse moyenne

Ce fut une courte journée de navigation entamée après le déjeuner. Les voiles nous ont porté tant bien que mal jusqu’au mouillage. Celui-ci n’était pas très rassurant, de gros blocs de pierre ayant été éparpillés un peu partout autour du petit port de pêche. Heureusement que nous n’avons pas beaucoup de tirant d’eau.

C’est quoi le tirant d’eau ?
C’est la distance qui sépare la ligne de flottaison du bateau et le point le plus bas de la coque. Il s’agit de la hauteur immergée (sous l’eau) d’un navire.

Pour Isaniyo le tirant d’eau dépasse à peine le mètre quand la dérive est levée. Pour la petite histoire, nous avons navigué sans sondeur jusqu’à la fin de notre aventure. Un problème que nous n’avons jamais pu résoudre nous a en effet obligé à scruter les fonds à chaque approche du rivage.

San Lucido – Stromboli

48nm – 13 heures – 3,7kt vitesse moyenne

En prenant la direction du Stromboli, nous avons vécu sans doute la journée la plus incroyable du voyage.

Pendant la traversée deux groupes de dauphins ont joué avec la proue du bateau, avec en toile de fond le volcan. Leurs mouvements étaient d’une infinie beauté, proches de la perfection. La mer était d’huile et on pouvait donc voir ces beaux mammifères se mouvoir dans une eau translucide, jusqu’à une dizaine de mètres de profondeur.

Bouteille à la mer !
Nous avons réalisé un petit rêve d’enfants : jeter une bouteille à la mer. Nous avons profité du large pour lancer une bouteille en verre, remplie de messages de nos proches et de certaines personnes qui nous suivaient sur les réseaux sociaux.

Son bouchon de liège étant endommagé, on ne donnait pas cher de sa survie jusqu’aux côtes. Et pourtant son périple fut plus court que ce qu’on imaginait, puisque celle-ci s’est échouée 15 jours plus tard en Calabre sur la tête d’un nageur matinal qui n’a pas manqué de nous contacter. Une très belle surprise pour nous !


Après notre rencontre du large, l’autre bonne surprise de la journée fut le mouillage au pied du Stromboli fumant. Au départ nous devions rester sur des bouées payantes, mais le COVID n’a pas permis leur installation à temps. La gérante nous a orientés vers une baie de sable noir où nous avons jeté l’ancre par 15m (d’après la carte marine). On aurait pu se rapprocher mais la noirceur des fonds nous inquiétait, un rocher non indiqué pouvant faire des dégâts.

Nos doutes ont vite disparu à la première baignade, le fond est bien sableux. Et il recèle de nombreux trésors : murène, soles, rougets, et même un poisson aux ailes turquoises fluorescentes que nous n’avions jamais observé de « notre » côté de la Méditerranée. Les fonds volcaniques semblaient décupler la biodiversité.

L’introduction faite, nous nous sommes dirigés vers un lieu réputé, « l’Osservatorio », un restaurant avec vue sur la pente éruptive du Stromboli. Après un rallye vertigineux sur le volcan, nous ne pouvions qu’admirer le spectacle.

D’incroyables fontaines de lave déployaient leur force dans le ciel étoilé. A intervalle régulier le spectacle s’intensifiait sous les « OOHH » et les « AAHH » des clients. Difficile de se concentrer sur son repas quand un volcan explose au dessus de votre tête 🌋

Le mouillage était paradoxalement très calme de ce côté du Stromboli. Seules les plus fortes explosions se faisaient parfois entendre. De quoi nous donner envie d’y rester une journée de plus.

Nous avons pris le temps de visiter le petit village de San Vicenzo, et de gravir sur quelques centaines de mètres la face Nord du volcan. Mais le programme du soir était encore plus réjouissant.

Nous avons pris la mer juste avant le coucher du soleil pour observer l’éruption depuis le bateau. Ce fut un spectacle grandiose ! Avec les jumelles nous pouvions scruter les fontaines de lave et les coulées jusqu’à la mer. Nous étions malgré tout plus éloignés que la veille puisqu’un périmètre de sécurité a été mis en place pour éviter aux bateaux tout risque d’accident.

Dormir au pied d’un volcan, risqué ?
En 2019, une éruption bien plus violente que d’habitude a secoué l’île, causant la mort d’un randonneur, et projetant énormément de roches volcaniques dans la mer. Depuis cette éruption le périmètre de sécurité maritime et terrestre a été élargi.

En 2002, suite à une éruption  importante, c’est un tsunami qui avait endommagé la côte et blessé quelques personnes.

Les habitants des zones volcaniques sont conscients de l’épée de Damoclès qui plane au dessus d’eux. Pour les personnes de passage, il faut également faire preuve de fatalisme. L’équilibre est mince entre un spectacle grandiose et une catastrophe naturelle. Nous l’avions constaté à Pompéi


Stromboli – Vulcano

27nm – 7 heures – 3,8kt vitesse moyenne

Nous avons quitté notre île préférée sous un ciel teinté de gris, avec quelques goutes d’eau pour nous accompagner jusqu’au mouillage de l’île de Vulcano. A peine débarqués, nous avons arpenté les pentes du volcan jusqu’à son cratère. Les nombreuses fumeroles et la forte odeur de soufre étaient tout de même là pour nous rappeler les forces en présence.

Moins actif que le Stromboli, sa dernière éruption date de 1890, ce qui n’empêche pas sa surveillance accrue.

Sans le Covid, nous aurions peut-être testé les bains de boue qui faisaient face à la mer. Ces derniers étaient malheureusement fermés au public.

Vulcano – Lipari

4nm – 1 heures 40 minutes – 2,4kt vitesse moyenne

Moins de 5 milles nautiques nous séparaient de notre dernière île éolienne, Lipari. La plus grande et la plus peuplée de l’archipel.

Une météo orageuse était maintenant bien installée et nous en avons profité pour reposer l’équipage et le bateau quelques jours.

Sur le ponton de la Marina nous rentrions clairement dans la catégorie « baroudeur » à côté des yachts à voile et à moteur. Nos voisins disposaient de personnels dédiés à la cuisine, au nettoyage, aux manœuvres… Le champagne coulait même à flot régulièrement. Deux mondes, deux façons de vivre la mer, éloignés de seulement quelques mètres.

La petite ville abritait des vestiges, haut perchés, appartenant successivement aux civilisations grecques, romaines et chrétiennes. La balade était parfaite pour déambuler à l’ombre, entourés de gros bougainvilliers en fleur.

Le mauvais temps disparu, il nous fallait désormais prendre la direction de la Sicile. Dans le prochain journal de bord vous pourrez découvrir notre passage dans le fameux détroit de Messine.

Coucher de soleil
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Cet article a 2 commentaires

  1. Elodie Falcon

    Coucou je découvre votre site et viens d’en lire une bonne partie, merci pour ces partages:) ça fait envie! Profitez bien

    1. Roxandyo

      Hello Elodie ☀️ merci pour ton message ! Ça t’inspire pour de prochaines vacances ?

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