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Tous les chemins mènent à Rome – Journal de bord #2

Après avoir rejoint l’île d’Elbe depuis la Corse, notre itinéraire maritime a rapidement rejoint la côte continentale italienne. Prochain objectif : naviguer vers Rome !


Talamone

37nm – 7 heures – 5,2kt vitesse moyenne

Notre traversée en direction du continent fut des plus agréables et rapides. Le vent nous a porté toute la journée avec une houle favorable. Nous avons battu notre record de vitesse et atteint les 9 nœuds au surf (avec une vague qui nous pousse).

C’est aussi sur cette étape que nous avons expérimenté ce qui deviendra notre spécialité sur les côtes italiennes : les voiles en ciseaux. Pour cela plusieurs conditions doivent être remplies : 

– Le vent doit être modéré ou faible
– La mer ne doit pas être trop agitée
– Le cap doit être vent arrière (ou très proche)
– Un·e barreur·euse doit veiller à ce que les voiles restent en ciseaux

Le concept, conserver la voile de devant (ici le drifter) sur un côté (ou amure) du bateau et basculer la grand-voile sur l’autre amure (empannage).

Cela donne une voilure très esthétique et un confort de navigation certain. Sauf pour le ou la barreur·euse qui doit faire en sorte que le vent reste bien dans l’axe du bateau pour ne pas faire basculer l’une des voiles d’un côté ou de l’autre (heureusement la bôme est sécurisée pour éviter de belles bosses).

A l’approche de la côte, un fond sableux nous a offert un beau spectacle turquoise. Ce n’était qu’un avant-goût de notre longue descente vers le sud, le long de plages interminables.

Nous avons également pris l’habitude de subir un petit coup de vent en fin de journée au moment de rentrer au port. A Talamone les rafales ont ainsi mis à rude épreuve la marche arrière du moteur. Néanmoins nous nous en sommes toujours sortis en faisant attention aux autres bateaux. Dans ces cas-là, l’aide du personnel portuaire est toujours bienvenue, pour nous orienter ou nous donner les amarres.

Talamone est une petite ville au passé riche, surplombée par une ancienne forteresse espagnole (le territoire ayant été cédé quelques temps à l’Espagne au XVIème siècle). Nous avons bien profité de la vue panoramique, avant de nous régaler autour d’une pizza à bord d’Isaniyo.

Porto Turistico Riva di Traiano

50nm – 10 heures 30 – 4,3kt vitesse moyenne

Pour notre plus longue navigation depuis le départ (pas loin de 100km), nous avons profité du vent arrière pour remettre les voiles en ciseaux et ressortir notre beau drifter rose et bleu.

Comme nous sommes partis à l’aube, nous nous sommes relayés toute la journée à la barre pour nous reposer et profiter du bercement de la mer pour faire de courtes siestes réparatrices.

Voile colorée

« Ils sont à tribord ! », « Non juste derrière ! », « Vous les voyez encore ? »

Cette étape a été marquée par l’apparition de premiers dauphins. Le premier groupe, croisé le matin, est resté au large du bateau sans d’approcher. Heureusement pour nous, ce n’était qu’un avant-goût.

Nous approchions de Civitavecchia, juste avant notre port d’arrivée, quand du mouvement attira notre regard. D’abord de nombreux puffins s’étaient posés sur l’eau, ensuite un poisson lune a fait son apparition, avant d’enfin voir surgir une belle famille de dauphins. C’est toujours avec beaucoup d’excitation que nous vivons ces moments. Cela fait toujours chaud au cœur de voir ces voisins discrets, au charme si particulier.

Dauphins


Le grand port de Civitavecchia a la particularité d’accueillir les gigantesques paquebots de croisière. Nous avons été impressionnés par le nombre de navires à l’arrêt, plus d’une dizaine. Seule la fumée noire jaunâtre s’échappant de leurs cheminées indiquait qu’ils n’étaient pas laissés à l’abandon. Le reflet d’une crise sanitaire qui perdure depuis plus d’un an et des touristes qui tardent à revenir… Effet fin du monde garanti, avant notre arrivée à Riva di Traiano, en longeant ces mastodontes ancrés et déjà un peu attaqués par la rouille.

Porto Turistico di Roma – Ostie

33nm – 7 heures – 4,7kt vitesse moyenne

Les meilleures conditions nous ont accompagné·es jusqu’au port d’Ostie. Un vent de Sud régulier a soufflé toute la journée, de quoi tirer un grand bord de près. Enfin, ça c’était avant de rentrer, sans le vouloir, dans une zone militaire…

En approchant innocemment de la côte, nous nous sommes rapidement interrogés sur les nombreux bruits de tirs que nous entendions. Après une vérification GPS, nous étions bien entrés par mégarde dans une zone militaire. Elle était, évidemment, interdite d’accès. Adieu le bord de près, nous étions bons pour virer vers le large avant de repiquer vers Ostie. Du temps perdu et une expérience dont on se souviendra… Pour nous faire oublier nos déboires un autre petit banc de dauphins a croisé notre route.

L’arrivée au port de Rome fut assez spéciale, avec la rencontre des eaux douces du Tibre, qui donnent naissance à un courant qui a un peu chahuté le bateau.

Le port est immense et longé de nombreuses boutiques, de restaurants, de glaciers, avec une petite fête foraine. Une course de triathlon était organisée ce même week-end, de quoi animer les quais, la vie humaine reprenant petit à petit ses droits après des mois de confinement.

Rome

Quel plaisir d’avoir rallié Rome. On dit que toutes les routes y mènent, pour nous ça aura été une route maritime avant tout.

Le retour à la « grande » ville eut une étrange saveur, surtout après avoir été de port en port sur des pontons à la population limitée. Le fait de se retrouver dans un train de banlieue fut un vrai changement d’univers pour nous.

Nous connaissions déjà la Ville Éternelle, ce qui nous a permis de flâner tranquillement sans nous poser de question sur les visites incontournables. Néanmoins, cela ne nous a pas empêché·es pas de nous émerveiller une nouvelle fois devant le Colisée, la Basilique Saint-Pierre, et les vestiges de la cité antique.

Pour cette seule nuit romaine nous avons décidé de nous offrir une bulle de confort : une chambre avec terrasse, vue sur les toits et les différentes coupoles de la ville. L’apéro au prosecco y était plus qu’agréable.

Nous avons usé pendant deux jours nos semelles sur plus de 30km, entre les ruines et des places aux noms évocateurs (Navona, Saint Pierre, Venezia…). Cette halte aura eu le mérite de faire travailler nos jambes avant qu’elles ne retrouvent la surface réduite du voilier !

Le prochain carnet de bord t’embarquera vers quelques îles assez méconnues et le Golfe de Naples… 😉

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